Genre: Roman
Pages: 294
Date de parution: 13 October 2018
ISBN (Papier): 9782924378762
ISBN (PDF): 9782924378779
Les derniers dieux
Auteur: Simone Chaput
Les derniers dieux est une histoire d’exil, non pas d’un territoire, mais de soi-même. Thierry Sias, qui doit son nom et son histoire au grec Tirésias du mythe d’Ovide, est un écrivain hébergé par son éditeur dans une petite villa au bord de la mer. Au cours d’une promenade dans une forêt avoisinante, il offusque un dieu et devient pendant sept ans Thérèse, tout en demeurant, dans son for intérieur, Thierry. Ce dédoublement dans la vie du héros est le reflet même de ce siècle où tout est mobilité, inconstance et illusion. Les derniers dieux est le neuvième roman de Simone Chaput
Les pages sont ponctuées de la découverte d’un nouveau rapport au corps, aux multiples facettes de la sexualité. C’est d’ailleurs à celle-ci que Thierry révèlera, sur fond de péché originel, les secrets du plaisir charnel qu’il a éprouvé en tant qu’homme et en tant que femme.
--
Extrait
" Goutant de nouveau le bonheur de la solitude, Thierry se sent bien, oui, si bien dans sa peau, qu’il en vient même à se dire que cette histoire de transformation, cette épineuse question de métamorphose, n’est qu’un mauvais quart d’heure à passer. Il est convaincu que cet épisode fâcheux, ce Thierry devenu Thérèse, ne sera, au bout d’un certain laps de temps, qu’un vague souvenir enfoui dans les brumes du passé.
Il se verse un dernier verre de vin, s’installe de nouveau au coin du feu. Le coeur quiet, il envisage, avec satisfaction, la succession d’heures calmes qui, malgré le sortilège des dieux, lui sont encore réservées. Habiter le silence, se dit-il, le soupir soulagé, n’appartenir qu’aux images.
Son contentement d’esprit est si grand qu’il se met presque à ronronner. En dépit de tout, se dit-il, en effleurant du doigt la peau lisse de sa joue, je peux m’estimer heureux. Comme le voisin Barthélémy, avec son art, son renoncement et sa profonde liberté, je suis, moi aussi, chère Danaé, le modèle même de l’homme comblé.
La pensée à peine formulée, Thierry sent mourir le sourire sur ses lèvres, sent son sang se glacer dans ses veines. Il se redresse dans son fauteuil, les yeux exorbités. Mais tais-toi, donc, imbécile ! s’écrie-t-il, épouvanté. Tu veux encore t’attirer des foudres ?
Il se recroqueville contre les coussins, se fait tout petit sous le plaid. Les vautours planent, se dit-il, les dieux guettent. Et il n’y a rien qui les provoque tant que le pauvre bonheur humain."